Au mois de Mars dernier, je vous écrivais un billet d’humeur sur ma conception de la formation à distance : ni pour ni contre, bien au contraire ! Je vous parlais d’adaptation presque forcée… mais nécessaire. Concluant tout de même par ma préférence à la chaleur humaine plutôt qu’à celle de l’écran.
Aujourd’hui, le contexte n’a pas changé, la donne de Mars ne fait que se répéter. Mais les mentalités ont évolué. Et tant mieux !
Depuis Mars, nous avons appris à nous acclimater à la technologie. Nous avons appris que les émotions peuvent passer par la fibre (ou la 4G…). Depuis Mars, nous donnons du sens à l’adaptabilité. Sans doute forcés, puis convaincus. Parfois par dépit, souvent par volonté. Parce que l’adaptation nous fait progresser, nous extirpe du quotidien (peu reluisant) de nos confinements, durs ou « soft » (mouais…). S’adapter, c’est se rapprocher de ses collègues d’une autre manière, et pourquoi pas les découvrir.
Si la situation devait durer, s’étendre sur 2021 à coups de vagues, alors nous serions mieux armés pour ne pas briser le lien qui relie les équipes. Vous noterez tout de même que j’emploie le conditionnel, non pas parce que je ne suis pas certain que nous y arriverions, mais bien parce que j’espère ces futures vagues aussi plates que le clapotis du soir, et que nous pourrons laisser ce virus derrière nous.
Qu’il soit derrière ou pas, ce virus nous aura procuré l’opportunité de nous (re)découvrir face à la machine. Oh, elle n’est pas apprivoisée, loin de là ! (C’est l’occasion de remercier chaleureusement vos services informatiques, m’sieurs dames !). Mais on a franchi une sacrée marche. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin.
Alors oui, il faut sans doute revoir la part interactive du quotidien professionnel. Diminuer certains échanges coutumiers, les points, les réunions, les sollicitations en tout genre… autant d’opportunités de contact direct qui alimentaient nos journées « au bureau ». Car les transposer automatiquement en exercice à distance ne nous rend pas service. Je m’explique… nous étions écrasés par les chronophages, le bruit, la gêne, la répétition. C’est plus que jamais l’occasion de faire le point ! Que supprimons-nous ? Comment puis-je redevenir efficient ? Comment finir dans les temps tout en entretenant le lien avec les équipiers ? Et comment passer à ma vie privée sitôt l’écran éteint ? Parce que les vérités de l’épisode que nous traversons sont là. Revoir notre modèle, ce n’est pas seulement apprendre à se servir d’un ordinateur chez soi, c’est surtout saisir l’opportunité unique de revoir notre approche du quotidien, des attendus, des livrables, de son apport à l’entreprise et à la réalisation des objectifs.
Se prendre en main chez soi, avec l’aide de sa hiérarchie, c’est le sel de cette distance. Elle implique la confiance (et donc la croyance en la compétence de l’autre) et le respect de la valeur travail de chacun. Elle nécessite aussi un « reboot » (c’est le sujet…) de notre système d’organisation du temps de travail. Parce que notre efficacité en dépend. Je parie aujourd’hui que celles et ceux qui expérimentent le télétravail et/ou les formations à distance sont convaincus des bienfaits de cette responsabilisation. Plus de trajet, plus de perturbation, plus d’embouteillage… par contre, « un p’tit café ? ah non, toi c’est potage… », c’est toujours envisageable derrière un écran (et on gagne du temps, pas la peine d’attendre que la boisson « en préparation » tombe dans le gobelet, on peut faire ça chacun dans sa cuisine, simultanément !).
Alors oui, parfois, on aimerait bouger de chez soi. Pour des tas de raisons. Cela reviendra très vite. Mais espérons que notre nouvelle organisation du travail perdure, avec les ajustements nécessaires. C’est ça, la force de l’expérience.
Pour vos formations, je vous attends de l’autre côté de l’écran, avec chaleur et motivation !
Je n’ai par contre pas la solution pour le tennis en distanciel après le boulot, sauf sur une console… (c’est bientôt Noël).
Edouard Baudry, consultant-formateur